Procès-verbal orienté

de la rencontre du mardi 1er juillet 2008 à 19:30
présentant le projet d'agglomération et sa mise en œuvre
aux partenaires franco-valdo-genevois de la société civile
à la caserne des Vernets

Daniel Marco

7 juillet 2008


« La tromperie n'entre jamais en conflit avec la raison car les choses auraient pu se passer effectivement de la façon dont le menteur le prétend »
Hannah Arendt in « Du mensonge à la violence » 1969


Casting, étaient à la table des orateurs :

  • Robert Borrel, président ou vice-président de l'ARC, Association régionale de coopération des collectivités du Genevois,
  • Robert Cramer, conseiller d'Etat, chargé du Département du territoire du canton de Genève
  • Pierre-André Romanens, préfet du district de Nyon (Vaud)
  • Nicole Surchat-Vial, cheffe de projet suisse du projet d'agglomération franco-valdo-genevois

Robert Cramer rappelle : Le projet d'agglomération franco-valdo-genevois s'inscrit dans trois filières.

  • Les projets d'agglomération de la Confédération Helvétique
  • La coopération métropolitaine française
  • Les grands projets de la région Rhône-Alpes
Le projet d'agglomération remis fin 2007 à la Confédération concourt pour un financement d'infrastructures par le fonds confédéral éponyme.

Robert Cramer déclare, pour préparer l'avenir car Genève ne touchera sans doute rien, d'une part, que ce fonds ne pèse plus très lourd en regard des nombreux projets d'agglomérations concurrents déposés, et d'autre part que le canton de Genève a déjà beaucoup reçu notamment pour la réalisation du raccordement ferroviaire CEVA. Il affirme que le projet s'inscrit dans le développement durable et qu'il faut plus de logements à Genève et plus d'activités en France afin de rééquilibrer l'agglomération. La citation d'Hannah Arendt prend alors tout son sens !

Robert Borrel : « Nous serons 200'000 habitants de plus en 2030 ; on nous interpelle souvent pour nous demander pourquoi n'arrêtons-nous pas ce flux ? Parce que nous ne le pouvons pas… et que nous ne le voulons pas. » Lyrique, il présente les PACA, Périmètres d'aménagement coordonnés d'agglomération, comme les pétales d'une fleur dont le cœur est Genève, l'ancienne Genève bien sûr… Dans les PACA, il y a des centres régionaux, dits centralités régionales, et des centres locaux dits centralités locales.
Robert Borrel continue : « Nous avons élaboré un plan paysage à l'envers, nous avons d'abord défini les vides avant de choisir les lieux que nous voulons remplir. »
Confus, Robert Borrel pose une question : « Que fait-on de la vallée de l'Arve ? » une autre « la société civile a-t-elle été bien consultée ? » et évoque à ce propos une différence de forme entre les pistes cyclables selon qu'elles sont proposées pour les trajets lieux d'habitat- lieux de travail ou pour les loisirs dans les consultations des usagers. Les premières sont rectilignes et les secondes sinueuses ; différence qui selon lui trace une limite à cette consultation.

Nicole Surchat-Vial, la voix de son maître, expose comment vont être étudiés les PACA. Elle annonce que les normes SIA règleront les conditions de ces études. Les trois premiers PACA qui seront étudiés sont Bernex, Saint-Julien et Nyon. Parmi les suivants l'axe Carouge-Pinchat-Veyrier.

Pierre-André Romanens, dans un exposé sans intérêt, traite d'un PACA l'axe de développement et voie ferrée Nyon-Saint Cergues-Les Rousses. Pas un mot sur la ligne de chemin de fer du pied du Jura Bellegarde-Gex-Divonne-Nyon mais un souffle sur l'inauguration prochaine d'une ligne de bus Coppet-Divonne.

Robert Cramer termine sur la participation de la société civile à l'élaboration du projet d'agglomération qu'il souhaite active. « Il faut faire remonter les attentes des populations vers le projet » et sur le fait que les structures de décision existantes en matière d'aménagement du territoire restent en place. Notamment les structures politiques, « Le projet d'agglomération ne peut donc avoir comme force pour s'imposer que sa seule intelligence » ajoute-il avec emphase.

Casting suite : il y avait une soixantaine de personnes dans la salle.

Débat.

  • Un membre de la Confédération générale du travail (CGT) tresse des couronnes au projet et à ses promoteurs, dans une intervention très cégétiste qui mélange hardiment les crises économique, énergétique et sociale avec la spéculation immobilière.
  • Bernard Comoli de la Coordination économique et sociale transfrontalière (CEST) explique que la pétition écolo-décroissance contre le projet d'agglomération « c'est pas lui ! »
  • Pascal Gillard (ex-AGEDRI) demande comment seront financés les équipements et les infrastructures prévus par le projet d'agglomération, telles que les futures lignes de tramways. Robert Cramer lui répond et rappelle que toutes les instances actuelles restent en place. Cela signifie en réponse à plusieurs autres questions qu'il n'est pour l'instant pas envisagé de mettre en place une COURGE, Communauté urbaine genevoise supra nationale cantonale ou communale.
  • Le soussigné s'essaie aussi à la critique. Sur le fait que, contrairement à ce qu'elles déclarent à nos voisins français, les autorités genevoises ne se donnent pas les moyens de respecter leur engagement de construire dès aujourd'hui et pendant 20 ans 2'500 logements par an.

Conclusions :

  1. Le mensonge érigé en instrument privilégié d'aménagement du territoire et d'urbanisme comme par exemple sur le rééquilibrage entre lieux de travail et lieux d'habitation dans la métropole genevoise et sur la production annuelle de 2'500 logements jusqu'en 2030 dans le canton de Genève.
  2. L'étendue hors du commun de la pratique idéologique du déni de réalité notamment le refus de prendre en compte l'autre Genève de 300'000 habitants qui aujourd'hui se développe autour de la vieille Genève, au-delà de la zone dite agricole, de Douvaine à Divonne par Annemasse Saint Julien le pied du Jura et Gex.
  3. L'absence quasi-totale de démocratie dans la « projetation ». Le terme redondant « démocratie participative » est le masque qui désigne l'arbitraire.
    Le projet d'agglomération est une structure parallèle à toutes les autres : il est à coté des structures démocratiques élues qui doivent conduire l'aménagement du territoire et l'urbanisme comme il existe dans certaines sociétés des polices parallèles.
  4. Le projet d'agglomération est un projet de concentration et de ségrégation des activités et des populations. Non seulement il vise une concentration des activités et logements haut de gamme dans la vieille Genève mais encore par son dessin (dessein) d'axes et de radiales, il vise une captation et une centralisation des flux de transports et d'habitation vers le centre de la vieille Genève.
  5. Une prise de position publique des syndicats, de la CGAS, sur l'ensemble de ces questions est nécessaire. Lors d'une prochaine réunion de la Commission aménagement et logement de la CGAS une telle prise de position sera à l'ordre du jour.