Notes post-séance du 15 novembre 2006 du Groupe « Genève cinq cents mètres de ville en plus »

Projets de territoires pour la Suisse: des projets métropolitains

23.11.2006 / Daniel Marco

«Jamais dans notre histoire, n'a été si forte la tendance à concentrer l'essentiel de la richesse, du savoir et du pouvoir sur une part aussi faible du territoire».
Alain Lipietz «Aménagement du territoire et autoroutes de l'information» dans Libération 12.1.1998.

L'organisation fonctionnelle de l'espace a été l'une des composantes principales du fordisme.

La crise du fordisme provient d'une double crise, celle du taylorisme et celle de l'organisation « rigide » de l'économie. En conséquence, l'évolution post crise suit deux paradigmes: se détacher des « rigidités » et du taylorisme.

Une première voie veut généraliser les relations de type marchand entre capital et travail, entre les entreprises, entre les producteurs et les consommateurs.

Dès lors comme la seule forme de régulation sociale est celle du marchandage direct la proximité devient une condition des interactions sociales induisant un foisonnement massif des formes urbaines. Cette voie favorise l'interaction d'une société désorganisée rassemblée en mégapoles (à distinguer de métropoles).

Une deuxième voie se base sur une coopération mieux négociée entre capital et travail, entre firmes, entre production et consommation. Cela conduisant à une forme plus organisée de la prolifération urbaine la métropolisation (à distinguer de la mégapolisation).

La première voie est en cours d'installation. La seconde peut être une alternative. D'autant plus qu'en Suisse la politique des villes reste une politique négociée (cf. métropoles). Il faut donc aujourd'hui remplacer la politique des agglomérations par une politique de la métropolisation.

Il ne s'agit pas de diaboliser ce qu'il est convenu d'appeler la métropolisation. On peut projeter pour en limiter les effets les plus pervers (cf. réformisme radical).

L'agglomération a une définition très floue et les soi-disant métropoles que l'on construit par son intermédiaire n'ont pas de réalité. Le mélange Genève – Lausanne dans une même métropole est bonne illustration de cette confusion.

La ville aussi trop souvent confondue avec la commune d'origine (ou la commune centre).

Zurich est la seule métropole en Suisse; sa zone d'influence recouvre largement une partie du territoire helvétique; les cantons de Zurich, Argovie.

Il y a deux autres métropoles en Suisse: Bâle et Genève dont seulement une partie est en Suisse.

Bâle : France, Allemagne, Suisse Genève: Ain (F), Haute-Savoie (F), Genève et Vaud (CH)

Cette situation alimente la prééminence du modèle zurichois en matière de projet, de programme et de débat pour un projet territorial helvétique.

Le modèle zurichois: on part du centre vers la circonférence, l'extérieur, vers la zone d'influence dénommée région urbaine; une définition aussi floue que celle d'agglomération.

Genève et Bâle développent d'autres modèles.

Un plan du territoire national c'est un plan qui doit prendre en compte la métropolisation et les trois métropoles du pays.

Jusqu'à aujourd'hui en Suisse en matière d'aménagement du territoire, au nom de l'égalité fédérale, une égalité factice mais idéologique, on a refusé d'aménager les inégalités (cf. différences), c'est le syndrome de Marignan (1515), on se bat, croyant gagner alors que l'on perd, en reculant.